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Barzaz Breizh

On sait désormais, grâce au remarquable ouvrage de Donatien Laurent « Aux sources du Barzaz-Breiz », le rôle important tenu par Nizon dans le genèse de ce qui allait devenir en France « le premier recueil de chants populaire puisés à une source orale », le Barzaz-Breiz.

Théodore Hersart de la Villemarqué, le collecteur
Théodore Hersart de la Villemarqué a en effet commencé sa collecte de chants populaires par le répertoire de poésies chantées des paysans de Nizon et des environs. Avant lui, sa mère, la Bonne Dame de Nizon, Ursule Faydau de Vaugien, Dame de Plessis-Nizon, s’y était intéressée au point de pouvoir probablement son fils dans ses premières collectes. Leurs informateurs, héritiers d’une longue tradition, ces « passeurs de mémoire » selon l’heureuse expression qui les désigne, portent des patronymes familiers à nos oreilles :
- Katell Rouat (épouse Richard) – Bourg, 1779-1860.
- Marie, femme de P. Naviner – Le Haut-Bois, 1804-1877.
- Yves Péron – Lustumini, 1792-1868.
- Anaïc Le Breton – Kerigasul, 1759-1839.
- Hélène Olivier (épouse Morvan) – Le Plessix, 1794-1869.
- Pierre Michelet – Trémalo, 1813-1881.
- Perrine Guéguen – Kergutullic, 1804-1870

Rustéphan, au coeur des récits, terre de légendes…

La chanson qui a pour cadre le manoir de Rustéphan (Geneviève de Rustéphan) fait partie de ces chants populaires dont une version fut recueillie à Nizon même.

Dans sa présentation, La Villemarqué se réfère à ce qui serait selon lui « quelques traditions » locales. Il évoque : la sinistre figure d’un vieux prêtre chauve, « aux yeux étincelants », ce qui fait fuir les danseurs attardés sur le tertre du château ; la silhouette éplorée d’une jeune demoiselle, « en robe de satin vert garnie de fleurs d’or », que l’on voit errer au clair de lune sur les murailles ; ou encore, « une bière couverte d’un drap mortuaire » et éclairée de « quatre cierges blancs » qui se dresse à minuit dans la grand’ salle.

On ne sait si les mémoires nizonnaises ont gardé le souvenir de telles visions, mais entre 1834 et 1838 probablement, La Villemarqué a bien recueilli à Nizon une chanson évoquant la tragique histoire d’une jeune fille et d’un prêtre.

Donatien Laurent nous présente ainsi la chanteuse : Katell Rouat, une « vieille femme longue et mince » qui habitait à l’ombre de l’église de Nizon, avait un goût prononcé pour ces drames mêlés de merveilleux chrétien : elle chante la ballade de Geneviève de Rustéphan, morte d’amour à l’heure où le clerc qu’elle aimait était ordonné prêtre…

Après La Villemarqué, d’autres collecteurs (dont Luzel) recueilleront en divers lieux d’autres versions du même thème, sans qu’il soit cependant fait mention de Rustéphan. Et c’est à Nizon également, à une date étonnamment récente, le 28 septembre 1937, que le chanoine Perennès entendra cette histoire intitulée cette fois Genovefa Naour chantée par Philomène Burel, âgée de 86 ans, preuve que la transmission orale s’était maintenue. Notons que dans une première version, La Villemarqué avait également nommé son émouvante héroïne Jénovéfa Naour.

Rustéphan, ce que dit l’histoire

Bertrand Quéinec nous apprend dans son histoire de Nizon que c’est bien un seigneur du Faou, Jean, qui dut construire, au XVéme siècle, le manoir dont les ruines existent encore. Y a-t-il eu à Rustéphan un édifice antérieur à celui-là ? En tout cas, ni l’unique fille de Jean (René), ni aucune proche parente ne porte le doux nom de Jénovéfa ; on ne trouve pas non plus de Geneviève Naour, héritière de Rustéphan, bien que la famille Le Naour ait été au XIXéme siècle comme encore aujourd’hui co-propriétaire du domaine de Rustéphan.
La légende naquit-elle à Nizon ou est-ce Nizon qui personnalisa la légende ? Nous ne saurions répondre aujourd’hui.

Récit "Jénoféva Rustéphan"

Jénoféva Rustéphan

Braoan merc’hed a voa er vro-ze, Merc’hed otro anu Faou a-neuze ;
(Les plus belles filles de ce pays-là étaient alors les filles du seigneur du Faou ; )

Hi a dole sked dreist ar merc’hed, Evel ma ra’ l loar driest ar stered.
(elles brillaient près de leurs compagnes comme la lune près des étoiles.)

Ha gant-he peb an inkane gwenn, O tont d’ar pardon da Bond-Aven ;
(Chacune d’elles montait une haquenée blanche, quand elles venaient au pardon à Pont-Aven ; )

Gant-he peb ar vroz c’hlaz a zeien, Ha karkanio aour war ho c’herc’hen.
(Chacune d’elles portait une robe de soie verte et des chaînes d’or autour du cou. )

Ar iaouankan, hounez ar braoan ; Iannik Kervlez a gar, a glevann.
(La plus jeune est la plus belle ; elle aime, dit-on, Iannick de Kerblez.)

Hélas, le jeune Iannick ar Flécher s’en va à Quimper étudier pour recevoir les ordres malgré les supplications de la jeune fille. Quand il revient dans sa paroisse pour dire sa première messe (« oferen neve »), il ne peut finir son office :

Ken a zeuaz ar plac’h o redek, Ha’ gouezaz da zaoulin ar belek :
(Et la jeune fille est accourue, et elle s’est précipitée aux genoux du prêtre : )

- Enn han Doue ! Iann, distroet andro, c’ hui zo kiriok, kiriok d’ am maro !
(- Au nom de Dieu, Iann, arrêtez ! Vous êtes la cause, la cause de ma mort ! )

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